Le texte complet
☝️La situation
« Vous voulez la misère secourue, moi, je la veux supprimée. »
Victor Hugo
L’inflation record à laquelle font face les Françaises et les Français se répercute avec violence sur leur pouvoir d’achat au quotidien pour nourrir leurs familles, faire le plein ou se chauffer. Parmi eux, les plus pauvres sont les plus durement touchés. Le premier quinquennat Macron a fait basculer au moins 400 000 personnes dans la pauvreté. Ainsi l’Insee indique, dans son rapport 2021 « Revenus et patrimoine des ménages », qu’en prenant en compte les habitants des Outre-mer, les personnes sans domicile fixe et les étudiants, plus de 10 millions de personnes sont en situation de pauvreté en France.
Cette situation dramatique sur le plan social n’est pas le produit d’un malheureux concours de circonstances. Elle est le résultat de choix politiques. Celui, par exemple, de baisser les APL ou celui de mettre en place la réforme de l’assurance chômage qui a réduit de près de 20 % en moyenne l’allocation touchée par 1,15 million de chômeurs. Celui d’accorder en même temps près de 60 milliards d’euros par an de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux contribuables les plus fortunés, sans aucune contrepartie en faveur du développement de l’emploi et de l’augmentation des salaires.
Alors que les pauvres sont de plus en plus nombreux et de plus en plus pauvres, le patrimoine des 500 plus grandes fortunes françaises s’élève à 1 000 milliards d’euros, en hausse de quasi 100 % depuis 2017 et de 30 % en un an. Les profits du CAC40 battent des records malgré la crise.
Les cinq dernières années et leur maltraitance sociale ont produit un contexte social très dégradé. Aggravé aujourd’hui par le retour de l’inflation, il commence déjà à produire une véritable déflagration pour des millions de familles. Ce début de spirale inflationniste trouve ses racines dans la formation d’une boucle vicieuse entre augmentation des profits et augmentation des prix.
Elle est aussi le résultat de la globalisation et du libre-échange qui, en allongeant les chaînes d’approvisionnement à l’infini, a fini par multiplier les pénuries sur de nombreux produits. Enfin, elle est amplifiée par une spéculation qui profite de la guerre en Ukraine pour faire exploser les prix sans cause réelle dans le domaine des matières premières, notamment hydrocarbures et agricoles.
Emmanuel Macron, pompier pyromane, prétend désormais redonner du pouvoir d’achat aux Françaises et aux Français, par des mesurettes, provisoires, soumises à conditions et parfois financées au détriment de la protection sociale. Tout est fait pour ne pas augmenter les revenus à un niveau suffisant pour pouvoir vivre dignement. Ses mesures mises en avant lors de la campagne présidentielle comme le conditionnement du RSA à 15 à 20 heures d’activité et le report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans laissent présager le pire si nous le laissons faire.
Le programme partagé de la Nouvelle union populaire écologique et sociale fait de l’urgence sociale une priorité. Il faudra y répondre après les élections législatives des 12 et 19 juin, quand Jean-Luc Mélenchon sera Premier ministre.
👊 Agir immédiatement
L’État doit prendre conscience de l’urgence de la situation et agir tout de suite. Il faut décréter l’état d’urgence sociale avant qu’il ne soit trop tard, en utilisant les moyens dont l’État dispose, comme l’augmentation des bas salaires, celle du point d’indice, le blocage des prix et le conditionnement des aides publiques.
Le risque pour l’économie française est bien de voir la spirale de la récession s’installer du fait de la baisse des revenus réels et donc de la consommation populaire. C’est pourquoi la hausse de l’ensemble des revenus, à commencer par les petits, et donc des salaires, des retraites et des minima sociaux sont indispensables. Cela doit s’accompagner d’une dynamique de création d’emplois massive, dans le privé et dans le public.
Parallèlement, il est urgent d’empêcher les mécanismes de hausse des prix de s’étendre d’un secteur à un autre, par contamination. Des mesures de blocage des prix ciblées, permettant notamment le contrôle et la transparence des marges, l’empêcheront.
Ces deux actions combinées devraient éviter à la France le spectre de la stagflation : le ralentissement de l’activité économique et une forte inflation. Par ailleurs, elles correspondent aussi à un choix politique : faire payer l’actuelle vague inflationniste par un ajustement des profits plutôt que par un ajustement des salaires.
Ensuite, c’est une dynamique globale de hausse du niveau de vie que nous devons enclencher. Les politiques libérales ont déprimé l’économie, comprimé la productivité, rendu notre pays dépendant de l’étranger et multiplié les postes de travailleurs pauvres.
Enfin, nous voulons faire de la satisfaction des besoins essentiels un droit garanti à toutes et tous : dès lors, c’est l’État qui est responsable de maîtriser les coûts d’accès à ces biens, services et réseaux.
L’extension des services publics et le soutien aux initiatives citoyennes seront nos outils : ils permettront d’étendre les espaces de gratuité et de mettre en place des politiques de tarification en fonction des besoins sociaux et environnementaux.
👉 Comment nous allons faire
Augmenter les revenus
- les augmentations de salaires, notamment pour les métiers occupés majoritairement par des femmes dans les secteurs du soin, du lien et du contact
- les écarts de salaires : à partir de la proposition faite par la Confédération européenne des syndicats de limiter l’écart de 1 à 20 entre le salaire le plus bas et celui le plus haut dans une entreprise
- la répartition de la valeur : en fixant un seuil minimal pour les revalorisations salariales, afin que la somme consacrée aux revalorisations salariales soit au moins égale à la croissance du retour à l’actionnaire (dividendes et rachats d’actions)
- l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (salaires, formations, carrière, promotions…) : par l’augmentation des sanctions financières et pénales (amendes, refus d’attribution de marchés publics), création de commissions de contrôle salarié dans les entreprises
- la formation, les parcours professionnels et les conditions de travail
Bloquer les prix
Encadrer les loyers
Garantir l’accès aux réseaux
- Interdiction des coupures et gratuité des premières quantités d’énergie
- Accessibilité des transports
🫰Comment on finance
Les mesures présentées dans ce plan consistent dans bien des cas à mieux répartir les richesses qui existent déjà mais sont largement captées par des acteurs privés pour gonfler leurs marges, leur richesse ou leur patrimoine : les très hauts salaires dans les entreprises, les multinationales productrices d’énergie, la grande distribution, les bailleurs immobiliers, etc.
Certaines mesures représentent un coût neutre pour l’État : le blocage des prix ou l’encadrement des loyers, par exemple.
Le coût net d’une revalorisation immédiate de 10 % du point d’indice serait de 12 milliards d’euros. C’est l’équivalent de ce que rapporterait le rétablissement d’un ISF au barème renforcé incluant un volet climatique.
La hausse des petites retraites coûterait 25 milliards d’euros. Soumettre à cotisations sociales des revenus aujourd’hui exonérés (comme les dividendes, les rachats d’action, l’intéressement, la participation, l’épargne salariale, les heures supplémentaires) rapporterait 20 milliards d’euros. La hausse des pensions générerait par ailleurs 5 milliards d’euros de recettes fiscales supplémentaires, portant le total à 25 milliards d’euros.
La mise en place de la garantie d’autonomie, qui implique que personne ne vive en dessous du seuil de pauvreté coûterait 25 milliards d’euros, soit l’équivalent de ce que rapporterait l’impôt universel sur les entreprises.
L’application du taux réduit de 5,5 % de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les transports collectifs représenterait un coût de 2 milliards d’euros, soit la même somme que ce que rapporterait la suppression de la flat tax.
Enfin, la réorientation des aides publiques aux entreprises, aujourd’hui attribuées sans conditions sur les salaires, l’emploi et la formation, permettra une meilleure utilisation de l’argent public pour répondre efficacement à l’urgence sociale.